Interview

Quels sont les points forts de l’immeuble BELR ?

Le point fort de ce projet est qu’il consomme beaucoup moins d’énergie grise que si on avait enlevé le bâtiment pour en reconstruire un nouveau. Il s’inscrit ainsi dans une démarche environnementale respectueuse.

Le projet propose de multiples propositions de ‘layouts’ de plans permettant de servir toute sorte de profils : famille, jeunes travailleurs, séniors…

Un avantage clair et net est aussi le quartier dans lequel il s’inscrit et la façon dont il est connecté aux équipements scolaires, au parc municipal, aux infrastructures de sports, aux transports publics, aux équipements culturels et à l’offre commerciale, qui va encore s’enrichir avec le réaménagement de la place de l’Étoile. C’est vraiment une situation idéale au calme tout en étant en ville !

Vous aimeriez y habiter ?

Oui, tout à fait. Je suis bien à la campagne, mais si demain je devais aller habiter en ville, c’est clairement un endroit qui ferait partie de mes choix.

Comment retrouve-t-on votre signature dans ce projet ?

Ce qui nous caractérise, c’est que sur base d’une demande, de contraintes données et d’échanges avec un maître d’ouvrage, nous essayons d’aller vers une réponse durable dans le temps, qui n’est pas là pour se démoder rapidement. L’immeuble BELR, dont le gabarit a dû être maintenu, s’inscrit dans un langage classique et pérenne, s’intégrant ainsi de façon harmonieuse et durable dans le contexte de l’une des plus belles rues du quartier Belair.

Pour cette rénovation, vous avez dû repenser le bâtiment existant…

Ce fut un pari de passer d’une affectation de bureaux à des logements. Nous étions dans un cas de figure présentant un bâtiment des années 80, relativement classique, avec des contraintes qui étaient des réponses à une utilité de bureaux. Nous avons dû analyser l’ensemble de la structure du bâtiment afin de déterminer ce que nous devions garder, modifier ou détruire. Cela a donc pris de nombreuses heures pour discuter de comment, idéalement, nous pourrions prévoir cette reconversion. Il a fallu trouver le juste équilibre pour que le projet puisse se réaliser de façon raisonnable sur le plan financier, mais aussi sans gaspiller des ressources inutilement et en limitant l’empreinte carbone du projet.

Il s’agit d’une démarche qui est dans l’ère du temps : « réutiliser » et « recycler » … Respecter en fin de compte ce qui a été construit avant et qui a demandé beaucoup d’énergie dans le passé, car défaire et refaire, c’est simple, mais maintenir et trouver des solutions techniques, statiques, etc. pour redonner vie sous une autre forme, c’est très enrichissant et cela demande de la part de tous les acteurs de la finesse dans les choix.

Certaines modifications et reconversions d’espaces ont donc dû être réalisées, notamment au niveau des cages d’escaliers.

Oui, pour optimiser la circulation dans le bâtiment, nous avons dû détruire une cage d’escalier pour en construire une nouvelle, et la deuxième a dû être légèrement modifiée.

Un autre changement concerne les fenêtres. Dans le bâtiment existant, la lumière était suffisante pour des bureaux, mais pas pour des logements. Ensemble, avec l’ingénieur, nous avons analysé l’intégralité de la structure pour voir où nous pouvions ouvrir et ajouter des surfaces vitrées afin de réussir une belle proportion entre plein et vide et surtout d’offrir de belles vues vers l’extérieur.

Il y a également une belle exploitation de l’espace sous-toiture…

Oui. Les trois magnifiques penthouses de l’immeuble sont situés tout en haut. Ils bénéficient d’une vue somptueuse, vu le positionnement du bâtiment qui est quasi au point le plus haut du Belair. En plus d’une terrasse, chaque penthouse détient son propre accès vers un espace supérieur où une surface vitrée et ouvrante, orientée sud, permet de profiter d’une sorte de rooftop, en toute saison et par tous les temps. Cela répond à une volonté d’exploitation optimale de la hauteur de l’immeuble et de la vue à disposition.

Il y a une jolie cour anglaise, qui fait également partie de la propriété.

Oui, au niveau de l’espace professionnel, dédié à des services paramédicaux. Elle permet à cette partie du bâtiment de bénéficier de lumière et d’un joli petit espace extérieur à l’abri des regards. Elle maintient donc le degré d’intimité nécessaire, tout en créant un espace de travail agréable.

À propos

Le bâtiment BELR, construit dans les années 80, a été occupé pendant une dizaine d’années par les bureaux de la prestigieuse banque privée Edmond de Rothschild. Sa reconversion en immeuble de logements constitue un projet quasi unique dans la région. La Ville de Luxembourg a d’ailleurs soutenu vigoureusement la volonté de créer du logement à la place de bureaux.

La revalorisation du bâtiment et le retour « d’une façade vivante de plus le soir dans la rue Brasseur » contribueront à la qualité de vie de la rue Jean Pierre Brasseur, explique l’architecte Tatiana Fabeck, fondatrice du bureau Fabeck Architectes qui est en charge du BELR, et ce, « en équipe » comme elle tient à le préciser.

Tatiana Fabeck figure ainsi parmi la minorité de femmes à la tête d’un bureau d’architecture. Elle est secondée par deux associées et l’équipe entière compte 28 personnes.